Impact

Impact : mobilisation générale ! [1/4]

Impact, impact, impact... lls n'ont que ça à la bouche. Entreprises, décideurs, pouvoirs publics, tous ont délaissé les « vieux » termes de développement durable et parfois même de RSE pour se lancer dans ce nouveau continent « impactant ». Ne les moquons pas, car cette fois-ci les choses sont sérieuses. Réduire son empreinte environnementale, produire et consommer propre, œuvrer pour l'intérêt général: la dynamique enclenchée par l'accord de Paris puis la loi PACTE ne cesse de se déployer à grande échelle. L'impact n'est pas le buzzword du moment, mais le mot qui incarne le mieux la mobilisation générale nécessaire pour voir loin et bien.

PARTIE 1. C'est le moment ! Pour lutter contre le changement climatique et défendre l'intérêt général, les entreprises sont en première ligne. Il est à la fois si loin et si proche le temps où les entreprises découvraient, mi-frileuses, mi-enthousiastes, des concepts aussi étranges pour elles que « développement durable » ou « responsabilité sociale ».

Un long chemin.
Nous étions dans les années 1990, et nul ne parlait alors « d'impact ». Tout juste avait-on compris, depuis le sommet de Rio (1992) et le protocole de Kyoto (1997), qu'on attendait d'elles un minimum d'implication dans la résolution de ce qui allait devenir l'enjeu numéro 1 du XXI' siècle : ni plus ni moins que la préservation d'une vie décente sur Terre, rendue problématique par le réchauffement climatique et la destruction progressive de la biodiversité.
Comment ? La traditionnelle segmentation entre un État qui régule, des entreprises qui innovent et prospèrent, et des citoyens-travailleurs-consommateurs coincés entre les deux allait donc disparaître ? Affaiblis, les États allaient demander le recours de la puissance économique privée. Les collaborateurs allaient réclamer des engagements de la part de leurs employeurs. Et les entreprises elles-mêmes, soudain investies d'une mission plus grande qu'elles, allaient prendre réellement au sérieux leur tâche historique : sauver le monde tout en continuant à générer progrès social et plus-value économique. Aujourd'hui, en 2024, la question ne se pose plus de savoir si les entreprises ont, ou non, un rôle à jouer. Elles sont la pierre angulaire de la transition. Oui, désormais, c'est bien « d'impact » qu'il s'agit. Car, pour paraphraser un homme dont tout entrepreneur a appris à s'imprégner de la philosophie, « With great power comes great responsabilit ». 
Les gourous du marketing et du management pourront aller se rhabiller : c'est le tonton agonisant de Peter Parker, alias Spiderman, qui aura le dernier mot.

De quoi parle-t-on ?
« Impact », le mot est fort, n'est-ce pas ? « Fait, pour un corps, un projectile, de venir en frapper un autre », propose pour commencer le Larousse. « Endroit où a frappé un projectile », poursuit le dictionnaire. « Point de chute d'une météorite », « Trace qu'un projectile a laissé à l'endroit qu'il a heurté »... La métaphore est dure, elle dit la brutalité du terme. Jadis appliquée à la publicité, elle avait fini par lasser (combien d'entre nous aimions parler d'une campagne de pub « impactante » ? ). 
Appliquée à l'ensemble des indicateurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), elle a de quoi frapper les esprits durablement. « L'impact peut se comprendre comme l'ensemble des changements de long-terme auxquels contribue un projet ou un programme, qu'ils soient positifs ou négatifs, attendus ou inattendus, qui peuvent notamment perdurer après ceux-ci », propose de son côté l'agence Phare, spécialisée en évaluation des politiques publiques. On pourra challenger cette défini tion à rallonge, mais force est de constater que l'ensemble des items en présence nous indiquent une voie pertinente, que l'entreprise peut tout à fait reprendre à son compte.
Le « changement » comme complément à l'innovation, y compris s'il faut questionner son business model, voire sa raison d'être. Le « long terme » comme nécessité absolue de voir loin, dans un souci d'adaptation et d'atténuation des bouleversements climatiques. « Positifs ou négatifs » car tout acte a un sens, il peut aller tour à tour de la vertu à l'entropie (« Fort en impact, faible en empreinte », clame, à juste titre, la nouvelle raison d'être de Dalkia). « Attendus ou inattendus », une forme d'interpellation à l'agilité dans un monde « VUCA » (on parle même aujourd'hui de « BANI», pour « Brittle » - fragile -, « Anxieux », « Non Linéaire » et « Incompréhensible »). Enfin, les changements dont il est question peuvent « perdurer » dans le temps, autrement dit générer un effet d'onde qui sera, en définitive, la mesure de la responsabilité. C'est cela qui est le plus intéressant avec le mot « impact »: il ne se contente plus, comme c'était le cas avec la « mission », la « RSE », ou la « raison d'être », de proclamer de louables intentions. Il tient compte de l'ambivalence de nos actes, comme individus, comme organisations. Nous sommes capables du pire comme du meilleur. Ce qui nous place sans exagérer face à nos responsabilités en tant que futurs ancêtres : le monde que nous allons léguer aux générations futures ne peut plus être un impensé. Il doit être intégré dans chacun de nos actes.

Dépasser nos craintes
Alors bien sûr, il y aura (il y a déjà) des résistances. L'impact ? Ça coûte cher. C'est de la paperasse en plus, regardez la CSRD et son impossible reporting de « double matérialité » ! C'est un « truc de parisiens », sous-entendu, « nous », dans les territoires, on n'a pas que ça à faire. Et puis l'impact, désolé, mais c'est plus facile quand on est une start-up « impact native », pas un grand groupe industriel plonge depuis des décennies dans des habitudes et des process solidement incrustés. Tout cela est vrai, en tout cas tout cela mérité d'être discuté, et non balayé d'un revers de main. Mais c'est tout l'objet de ce dossier : montrer que s'engager dans une démarche réellement impactante est souhaitable, possible, systémique et, en définitive rentable. Le MEDEF et le MEDEF Paris sont fiers d'accompagner l'ensemble de l'écosystème entrepreneurial dans cette voie irréversible. Comme nous le dit Arnaud Naudan, patron de BDO France, dans ces pages, « l'impact, 'est l'avenir du business ». Alors mobilisons-nous : travailler ensemble pour le bien commun est sans doute le projet le plus grisant que les entreprises puissent embrasser.

Retrouvez la deuxième partie de notre dossier IMPACT : mobilisation générale [2/4].