Vie du réseau

Interview de Thomas Sallot - « Pour l’instant, mes journées consistent à gérer le présent »

15 avril 2020

Temps de lecture 1 min

 

Alhéna Propreté réalise environ 12 millions d’euros de chiffres d’affaires et employait 700 salariés jusqu’à il y a encore un mois. Aujourd’hui 500 sont au chômage partiel. Thomas Sallot, Directeur Général, partage avec Charles Znaty, Président du MEDEF Paris, les problématiques et les difficultés rencontrées depuis le début du confinement.

 

Charles Znaty : Pourquoi une grande partie de votre activité a-t-elle été mise à l’arrêt ?

TS : Actuellement sur l’Ile de France 60 à 70% de nos clients ont leurs entreprises fermées. Tous nos salariés qui travaillent pour eux sont donc au chômage partiel. Sur les Hauts-de-France, 30 à 40% des entreprises pour lesquelles je travaille sont fermées. Ce gap s’explique car dans cette région nos clients font partie du secteur secondaire, et les usines ne peuvent pas stopper leur activité, puisqu’un temps de chaîne de production prend beaucoup de temps.

 

CZ : Comment se déroulent vos démarches concernant le chômage partiel ?

TS : Nous avons lancé les démarches depuis une grosse semaine après avoir obtenu nos codes etc. Notre métier a beaucoup recours au temps partiel et il a donc fallu faire un point général pour notamment vérifier que les temps de travail soient correctes. Cela nous a pris un temps fou ! Cette révision étant faite, nous procéderons à notre requête dès demain.

 

CZ : Rencontrez-vous des difficultés particulières ? Par rapport à vos fournisseurs, par exemple, comme cela se passe-t-il ?

TS : Je rencontre une double difficulté. D’une part, on nous demande de travailler, et c’est normal, il faut que la France poursuive ses activités et continue de vivre. D’autre part, on nous demande de protéger nos salariés, mais il est très difficile de se faire fournir des masques et des gants. Même le secteur médical a du mal à s’en procurer, imaginez donc les difficultés à notre niveau ! Nous faisons comme on peut pour préserver les personnes en imposant le respect de gestes barrières plus importants que ce que demande l’État. Nous avons en particulier augmenté la distance de sécurité d’un à trois mètres. Nous avons aussi la chance de travailler à des heures où les gens ne sont pas dans les locaux.

 

CZ : Vous passez beaucoup de temps sur le terrain ?

TS : Oui je n’ai pas le choix. Mes équipes ne peuvent pas gérer seules les livraisons, les salariés. Il faut parvenir à récupérer le matériel chez 4 ou 5 fournisseurs différents, quand d’habitude, il n’y en avait qu’un, pour aller ensuite le livrer à nos salariés. Je mets donc la main à la pâte et c’est bien normal ! Je suis chef d’entreprise et les salariés ne comprendraient pas que je ne sois pas sur le terrain.

 

CZ : Avez-vous le temps de réflechir à l’après ?

TS : Pour l’instant, mes journées consistent à gérer le présent. On ne sait pas si l’on pourra sortir de cette crise. Il est donc un peu compliqué de penser à l’après. Mais on essaie toutefois d’y réflechir le soir entre 20h et 22h30 !  

 

CZ : La propreté est un métier qui va changer ?

TS : Le métier de la propreté n’est pas bien connu. Avec la crise, les mentalités commencent à changer. Il y a plusieurs écoles. Des clients réagissent et parfois sur-réagissent en nous demandant par exemple de porter des combinaisons de protection. Je procède de cette façon dans le cas de décontamination pour des sites où des cas de coronavirus ont été détectés. Nous portons alors une combinaison blanche et désinfectons les locaux en suivant un protocle particulier. Nous nous professionnalisons en apprenant de nouveaux process que nous mettons ensuite en place, le plus rapidement possible, pour nos clients.

 

CZ : Vous travaillez aussi pour des donneurs d’ordre public ?

TS : Absolument. Entre 20 et 30% de ma clientèle est liée à des donneurs d’ordre public. Je travaille ainsi pour le ministère de la défense. Pour eux, nous avons été obligés de mettre en place un PCA (Plan de Continuité d’Activité) que nous adaptons au fur et à mesure de leur demande, puisque leur organisation évolue en fonction des propositions du Président de la République.