Benjamin Griveaux

Benjamin Griveaux

“ "Nous transformerons la ville avec les entreprises pas contre elles" ”

A l'approche des éléctions municipales du mois de mars prochain, Benjamin Griveaux, candidat La République en marche, Benjamin Griveaux a exercé jusqu’en 2019 la fonction de porte-parole du Gouvernement, dévoile ses mesures pour ce qui concerne les entreprises au sein des futurs projets de la capitale.

Si vous êtes élu Maire de Paris en 2020 :

 

  • Quelle(s) mesure(s) proposerez-vous pour faciliter le quotidien des entreprises et des salariés à Paris ?

 

Nous avons perdu 60 000 habitants en 5 ans. Il faut mettre un terme à ces départs ! Comment ? En facilitant le quotidien des entreprises et de leurs salariés qui vivent, travaillent et se déplacent à Paris. C’est ma priorité absolue. 

 

Paris est une ville trop chère, trop compliquée. Pour y installer son entreprise et pour y vivre. L’immobilier de bureau n’est pas adapté aux nouveaux modes de travail. Nous développerons donc le co-working en multipliant par trois la surface qui y est consacrée dans tous les arrondissements pour atteindre 500 000 m2 en 2026. C’est majeur pour les grandes et moyennes entreprises qui souhaitent permettre à leurs collaborateurs de travailler à Paris, mais également pour que les plus petites puissent s’y installer à un coût raisonnable. Par ailleurs, une ville ne peut pas vivre uniquement de touristes et de bureaux. Les salariés, les artisans, les commerçants… bref, la classe moyenne, c’est le coeur battant de la ville. Nous ne pouvons pas les abandonner. Nous développerons donc le logement intermédiaire pour permettre à tous ceux qui gagnent trop pour être aidés, mais pas assez pour s’en sortir seuls, de rester vivre à Paris. 

 

Les déplacements sont aujourd’hui un autre enjeu de taille pour les Parisiens et les Franciliens. Le constat est simple aujourd’hui : jamais se déplacer dans Paris n’a été aussi peu fluide ! Paris est congestionné et irrespirable à cause d’une approche dogmatique de la mobilité. Des décisions ont été prises sans consulter personne ni apporter de véritables solutions alternatives. Comment une ville qui veut réduire la place la voiture a-t-elle réussi à diviser par deux la vitesse commerciale des bus, qui est passée de 12 à 6km/h entre 2014 et 2019 ? Rétablir une fluidité pour les bus sera un de nos premiers combats parce que c’est le mode de transport le plus accessible pour tous les Parisiens. Ensuite, nous devons repenser les mobilités dans leur ensemble, en partant des besoins de chacun : des jeunes actifs aux personnes âgées, des parents avec poussette aux professionnels qui ont besoin de leur véhicule pour transporter leur matériel, des personnes en situation de handicap aux étudiants. Chacun se déplace différemment. Les transports en commun seront notre priorité, afin de limiter le nombre de véhicules dans les rues. En coordination avec la Région, la société du Grand Paris et les entreprises autoroutières, nous créerons des parking relais à proximité de Paris, pour inciter à ne pas entrer dans la ville avec sa voiture. Ils seront connectés au centre de Paris par des navettes très cadencées. En parallèle, il est indispensable de fluidifier la circulation en réglant une bonne fois pour toute la question des travaux. La gestion opérationnelle de ceux-ci a été anormalement défaillante depuis 18 mois : les Parisiens ont besoin d’y voir clair sur la nature, la durée et le coût de ces travaux. Nous utiliserons également tous les moyens de la smart city et de l’intelligence artificielle pour mutualiser les places de stationnement en travaillant par exemple avec les propriétaires de parking privés pour ouvrir leurs places à la journée. 

 

Enfin, les restaurateurs, les hôteliers et les commerçants ont souffert des Gilets Jaunes l’an dernier et des grèves cette année, sans oublier les nouvelles formes de concurrence liées au développement des plateformes. Il revient à la Ville de les aider et leur faciliter la vie en éliminant au maximum les contraintes administratives. Je souhaite par ailleurs faire de Paris dans sa totalité une zone touristique internationale (ZTI), ouverte le dimanche. Parce que Paris doit être au niveau des autres grandes villes européennes. Parce que Paris perd chaque week-end des touristes, et en particulier des touristes d’affaires. Parce qu’Amazon est le seul magasin qui ne ferme jamais. Parce que nous voulons donner plus de liberté aux commerçants parisiens. 


 

  • Etes-vous prêt à associer les chefs d’entreprises à vos futures décisions, via la création d’un Comité de Pilotage Economique de la ville de Paris, comme proposé par le MEDEF Paris dans son programme ?

 

Consulter, c’est bien. Décider ensemble, c’est mieux. 

 

Il est indispensable d’associer les chefs d’entreprise à la réflexion et à la construction des décisions qui les concernent. Je l’ai fait lorsque j’étais à Bercy en mettant en place des binômes parlementaires - chefs d’entreprises, pour l’élaboration de la loi PACTE, aux côtés de Bruno Le Maire. 

 

Les processus de consultation actuels sont de la pure communication. Nous mettrons en place un comité stratégique, associant dirigeants d’entreprises, CCI et organisations patronales, représentants des salariés et personnalités qualifiées. Il sera réuni cinq fois par an autour du maire et sera l’organe de consultation et de réflexion de la Ville de Paris. Et je compte évidemment sur les membres de ce Conseil pour être de véritables ambassadeurs de Paris auprès des investisseurs internationaux !

Nous transformerons la ville avec les entreprises, pas contre elles. 

 

  • Face à la compétition internationale, que ferez-vous pour que Paris devienne une Capitale Globale, attractive et pionnière ?

Un premier cycle de la mondialisation est en train de se clore. Chacun voit bien que, pour être acceptable politiquement, le développement économique doit être accepté socialement et écologiquement, et cesser de sacrifier les classes moyennes d’un côté, et les ressources naturelles de l’autre. Certains pays occidentaux, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, ont fait le choix du repli. Je crois, à l’inverse, que la France doit être l’endroit où s’invente un nouveau modèle de croissance économique, soutenable et ouvert. J’ai réussi, lorsque j’étais membre du gouvernement, à obtenir, à Paris, l’installation d’activités basées à Londres, à commencer par l’Agence Bancaire Européenne. 

 

Si je suis élu maire, je souhaite faire de Paris la métropole où s’invente un nouveau paradigme de croissance durable. Paris ne sera jamais la City, et c’est tant mieux ! La City, c’est le capitalisme consommateur de ressources naturelles avec une vision trop souvent à court-terme. Je souhaite faire de la place de Paris la capitale mondiale de la finance verte. Nous disposons d’atouts majeurs pour y parvenir avec les meilleures formations universitaires, un marché bancaire très structuré et des régulateurs reconnus pour leur grande qualité. Nous pourrons aussi travailler avec les Bourses d’Amsterdam et de Francfort pour y parvenir. 

 

  • Pour vous, qu’est-ce qu’être entrepreneur et quel est le rôle d’une entreprise ?

 

J’ai été entrepreneur, deux fois, et j’ai travaillé dans un grand groupe. J’ai gardé de ces expériences dans le privé une obsession de l’exécution et du management. Il ne suffit pas de faire de grandes annonces : encore faut-il qu’elles soient suivies des actes. Être maire, comme être entrepreneur, c’est faire !

 

Au-delà de leur rôle de création de richesse, les entreprises ont une responsabilité face aux grands défis de nos sociétés, en particulier l’urgence climatique. Je suis convaincu qu’elles ont un avantage majeur pour y répondre : elles sont agiles, ancrées dans le réel et les mieux placées pour innover rapidement. 


 

  •  Quel entrepreneur vous inspire le plus ? Pourquoi ?

 

Un entrepreneur n’est jamais seul. Les aventures collectives m’inspirent plus que les destins individuels. 

Nous avons une chance incroyable en France, celle d’avoir une génération d’entrepreneurs qui créent de la valeur économique et sociétale. Je pense à Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar, ou encore à Julie Chapon, co-fondatrice de l’application Yuka. Tous deux, comme tant d’autres, transforment profondément notre manière de consommer. C’est toute cette génération que je trouve formidable et qui m’inspire.