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Allongez-vous dans un endroit calme et sombre.
Appliquez une compresse froide sur votre nuque. Respirez profondément. Oyez maintenant la litanie des « externalités négatives » des prochains Jeux olympiques et paralympiques. Les Oracles nous prédisent que les touristes, effrayés par les hausses des tarifs d’hébergement, par les transports encore plus saturés qu’à l’accoutumée et, de surcroit, inquiets pour leur sécurité en raison des risques d’attentat, préféreront voyager vers d’autres capitales européennes. Ils ajoutent que de leur côté, les infortunés ayant obtenu de haute lutte (et à prix d’or) un siège inconfortable aux bien-nommées épreuves sportives, voudront en profiter le plus longtemps possible, n’est-ce pas ? Par voie de conséquence, La Joconde se contentera d’un sourire narquois devant des salles vides. Nos visiteurs, attirés par les dieux du stade bouderont momies, Atlas et Vénus devant lesquels d’ordinaire ils se bousculent.
Le soir venu, les flonflons du Moulin Rouge retentiront dans l’écho. Point de touristes en goguette, venus se réchauffer le cœur aux accents du French Cancan. Les Parisiens purs et durs, d’ordinaire férus des commerces de proximité et des lieux de divertissement de tout acabit, déserteront la capitale. Par ricochet, toutes ces activités récréatives et distrayantes connaitront un taux de fréquentation rappelant les heures sombres des Gilets jaunes et autres fameux mouvements de grève, comme seule la capitale sait en susciter. Enfin, les zones de circulation réglementées auront raison de la déter- mination des insensés qui auront la prétention de vouloir tout de même continuer à se déplacer et vivre normalement. Le télétravail dans les activités de service portera l’estocade à l’économie de la capitale.
Face aux images, diffusées par les chaines d’info en continu sur tous les écrans du monde, de la Ville Lumière aux artères vidées de toute forme d’activité, c’est bien la Destination France qui sombrera aux oubliettes de l’attractivité. Pour parachever le tableau, l’interruption durant la durée des JOP des travaux de voirie et de construction (d’habitude constamment décriés) mettra à mal l’activité des entreprises du bâtiment, sans parler de l’arrêt de la circulation fluviale qui provoquera des disettes dans les pays destinataires de nos productions agricoles.
Pensez à vous hydrater régulièrement.
Et demandez- vous : comment se fait-il que les plus grandes métropoles mondiales nous envient d’être la ville organisatrice des JO du centenaire ? Qui se souvient encore qu’il aura fallu se battre et convaincre - au terme d’une âpre compétition - un Comité de Sélection particulièrement exigeant pour afficher fièrement les couleurs de Paris 2024 aux frontons de nos lieux publics ? Aurons-nous encore le cœur aux réjouissances quand nos athlètes : escrimeurs, judokas, footballeurs, cyclistes, nageurs, marins, handballeurs, grimpeurs, basketteurs et boxeurs accom- plirons les exploits pour lesquels ils se sont préparés avec leurs familles et leurs entourages depuis des années ? À l’issue des épreuves, notre regard se brouillera-t-il d’une buée émue tandis qu’on hissera le drapeau tricolore et que retentiront les notes martiales de la Marseillaise ? Après toutes les avanies auxquelles on nous destine, aurons-nous encore la force d’endurer les apéros entre amis pour commenter et refaire les matchs, porter aux nues nos champions, se plaindre de leurs adversaires et compatir avec les malchanceux ?
N’en déplaise aux Cassandres, les JO seront une fête, une formidable opportunité pour Paris et le pays tout entier d’occuper le devant de la scène mondiale durant plusieurs semaines, la chance aussi grâce aux efforts conjugués des entreprises et des territoires de laisser un héritage durable que nombre de nos entreprises auront à cœur de faire fructifier. Dans ce dossier spécial JOP 2024, votre magazine patronal est allé trouver l’inspiration chez les principales parties pre- nantes de la préparation des prochains Jeux. On y détaille les ambitions, les budgets, les difficultés, les innovations, les avancées en matière d’ESS, sans oublier l’accueil et les traditions gastronomiques. En attendant de pouvoir, comme promis, se baigner dans la Seine. Bonne lecture !
Charles Znaty, président du MEDEF Paris.