Impact : mobilisation générale ! [4/4]
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PARTIE 4. L'impact ou l'éternel jeu de la contrainte et l'opportunité.
Trop contraignant, trop cher, l’impact ? Si des voix s’élèvent pour réclamer une pause, voire un retour en arrière, la réalité montre que toute entreprise qui s’engage est gagnante à terme.
Personne n’osera le dire publiquement, évidemment, mais les arrière-pensées sont parfois tenaces : l’impact, c’est de la paperasse et des coûts en plus. Et les plus frileux d’entre nous de se mettre secrètement à rêver que tout cela, la RSE, les indicateurs ESG, la taxonomie européenne en matière de double matérialité, ne soit qu’un mauvais moment à passer, en attendant qu’on en revienne au bon vieux « business as usual » .
Un effet backlash ?
« C’est vrai, il y a encore des réfractaires, concède Arnaud Naudan, patron de BDO France. Sur le papier, les indicateurs ESG ce sont des règles en plus et des investissements à faire dont on a peine à mesurer les retombées à court terme, et tout cela produit pas mal d’inquiétude ». Une inquiétude alimentée par un début d’effet backlash concernant tous les enjeux liés à la transition écologique. Entre l’opinion publique qui n’a jamais été très friande de mesures coercitives (taxe carbone, ZFE...), une ambiance chez les politiques au plan mondial, qui surfent sur le rejet des transformations structurelles, et certains dirigeants d’entreprises dont les déclarations semblent parfois réclamer qu’on mette la pédale douce sur la RSE pour se reconcentrer sur le bon vieil Ebitda, l’heure serait-elle à la remise en cause de la marche en avant vers plus de responsabilité ? « Non, je ne suis pas d’accord avec ces constats pessimistes, se défend Arnaud Naudan, dont le cabinet d’audit et de conseil lui-même est devenu entreprise à mission en 2021. L’avenir du business, c’est l’impact. Pas seulement d’ailleurs sur les questions climatiques, mais aussi de biodiversité, d’éthique, sur les questions sociales et de diversité. Alors certes, ça complexifie un peu les choses, mais au final, l’entreprise qui s’engage est forcément gagnante ».
Le sens de l’histoire
Gagnante ? Cela semble une évidence. Toutes les enquêtes le montrent : les jeunes, et en particulier les jeunes diplômés, n’ont pas envie de travailler pour une « boîte » qui ne serait pas vertueuse au-delà des démonstrations spectaculaires venant d’étudiants « bifurqueurs » lors de certaines remises de diplôme de grandes écoles. Dans une récente enquête BVA pour la Fondation Jean-Jaurès (nov. 2023), si 50% des 18-24 ans réclament d’abord de l’entreprise qu’elle « crée de l’emploi », ils sont 41% à lui réclamer d’être « utile à la société ».
Quant aux thématiques sur lesquelles ils souhaitent que les entreprises s’engagent, la « préservation de l’environnement » arrive nettement en tête (32 %, et 42 % chez les bac +3), devant la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes (27 %) et la « défense du pouvoir d’achat » (24 %). C’est aussi, de fait, un sujet de marque employeur. Ce ne sont pas seulement les jeunes qui intiment aux recruteurs de se montrer compliant sur les sujets éthiques, mais l’ensemble de la population active. « L’impact, confirme Arnaud Naudan, cela permet d’embarquer les équipes dans un projet commun. Mécaniquement, vos collaborateurs sont plus épanouis, vous dépensez moins en recrutement à cause d’un turnover trop élevé, et vous gagnez des clients, qui préfèrent venir chez vous car ils connaissent vos engagements. C’est difficile à mesurer, mais je peux vous dire qu’en termes de ROI, l’impact est gagnant. » Bien sûr, s’engager pleinement est un investissement. Au moins au début.
L’année 2024 et l’horizon de la CSRD supposent que les entreprises se mettent en ordre de bataille. Mais n’exagérons pas la contrainte. « 70 % du reporting porte sur du quali, tempère Arnaud Naudan. Le reste revient à de la collecte de data, qui dans un second temps sera bien utile pour piloter les transformations. On ne pilote que ce que l’on mesure. »
Enfin, le chef d’entreprise n’est pas seul, loin s’en faut, à faire face aux nouveaux enjeux qui se dressent sur son chemin. C’est tout l’écosystème qui se met en ordre de bataille : l’État, les fonds à impact, les VC, la BPI, les fonds européens ... Quant à ceux qui craignent que l’impact ne serve de cheval de Troie, qu’ils soient rassurés : il n’y a pas d’un côté le business, et de l’autre une RSE élargie. La révolution de l’impact est la seule façon pour les entreprises, à l’avenir, de générer des profits. Ce sont celles qui traînent les pieds aujourd’hui qui risquent de le regretter demain. En tête de tous les principes de l’entrepreneuriat, il y a l’idée de transformer une contrainte en opportunité. De ce point de vue-là, rien ne change !
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En août 2023, lors de sa Rencontre des Entrepreneurs de France, le MEDEF lançait le dispositif « 1PacteClimat ». Ou comment agréger un maximum d’entreprises pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
Le MEDEF n’a pas attendu que « l’impact » soit sur toutes les lèvres pour déployer un dispositif à grande échelle destiné à accentuer la mobilisation des entreprises, avec ses partenaires, l’AFEP, le C3D, Entreprises et progrès, EpE et le Pacte mondial France.
1PacteClimat a pour but de :
- Valoriser les innovations, solutions, technologies, produits et services bas carbone des entreprises implantées en France pour réussir la transition vers une économie bas carbone ;
- Faire connaître les outils et dispositifs utiles pour accompagner les entreprises dans leur démarche et leur passage à l’action ;
- Encourager les échanges et réflexions entre parties prenantes : entreprises, réseaux partenaires, organisations d’entreprises, associations techniques, réseaux d’experts, ONG…
1PacteClimat est tourné vers l’action concrète des entreprises, des filières et des territoires et des acteurs relais que sont les fédérations professionnelles et les MEDEF régionaux et territoriaux. Par cette initiative, il s’agit de montrer le rôle clé des entreprises pour réussir la transition écologique et de mettre en lumière la diversité des solutions qu’elles apportent dans la lutte contre le changement climatique. Chaque entreprise, chaque filière, chaque territoire a un rôle à jouer. La transition écologique n’est ni un mot d’ordre politique, ni une série de contraintes règlementaires, mais un véritable levier busines. Le MEDEF souhaite en faire un avantage compétitif (en intégrant par exemple les critères RSE dans les appels d’offres), tout en permettant l’appropriation de ces règles par le plus grand nombre. Fidèle à sa raison d’être (« agir ensemble pour une croissance responsable »), il est un catalyseur des bonnes.
1PacteClimat est à votre disposition ici si vous souhaitez en savoir davanatage.