Edito Impact : mobilisation générale !
Changement d’époque
Il fut un temps où les entreprises qui montaient des directions du « développement durable » et de la « RSE » le faisaient en catimini, de peur d’être traitées d’idéalistes. À la tête de ces directions, fort peu dotées en moyens financiers et en ressources humaines, on plaçait généralement un collaborateur (et le plus souvent une collaboratrice) en pré-retraite, ou dont on savait qu’il était peu porté sur des KPI classiques, et on attendait qu’il ne se passe... rien. Ce temps-là est révolu. Désormais, le CFO d’un groupe comme Bel est appelé « Chief Impact Officer », et il ne viendrait plus à l’idée de quiconque d’avoir les yeux rivés sur l’ebitda et sur rien d’autre. En 2024, le tableau de bord d’une entreprise s’est considérablement développé : la rentabilité, mais aussi le bien-être de ses salariés, ses effets sur le climat, sur la biodiversité, sa contribution à l’intérêt général... Ce nouveau monde advenu en une ou deux décennies constitue une véritable révolution.
Modèle français
La France, ce pays que l’on décrit volontiers en proie au doute et que des scénaristes de séries télé imaginent au bord de la guerre civile, se cherche - dit on - un grand projet. Que faire ? Où aller ? Et si ce grand projet était là, sous nos yeux ? Et s’il était temps pour la patrie du camembert et de la Tour Eiffel de projeter dans ce qu’elle sait faire de mieux : allier de grandes ambitions avec une certaine idée de l’innovation ? Dégager la voie d’un « capitalisme responsable », comme nous le dit Olivia Grégoire dans ces pages, qui redonne à chacun de l’énergie et inspire nos voisins ? Ce n’est pas un hasard si c’est la France qui a fait voter, la première, une loi, la loi PACTE, qui a ensuite infusé en Europe pour donner naissance à la CSRD. Parfois, à rebours des pulsions déclinistes, sachons reconnaître que nous n’allons pas si mal.
Mission historique
Les entreprises françaises savent bien quelle est leur mission dans ce nouveau monde : donner l’impulsion. Dans ce numéro, ce sont des entrepreneurs du BTP, du retail, de l’assurance, de l’alimentaire, du conseil qui nous le disent : ce n’est pas seulement qu’on peut être à la fois rentables et responsables, c’est qu’on ne peut pas être rentables si on n’est pas responsables. Je ne sais pas s’il existe un « sens de l’histoire », mais ce mouvement semble irréversible, et c’est une bonne nouvelle. Les entreprises sont au coeur de l’équation, elles ont du pouvoir. Il ne reste plus qu’à s’en servir. Alors allons-y sans réserve. Et mobilisons-nous !