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DOSSIER : Le métavers, un grand pas pour l’humanité ? 1/3

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Allons-nous bientôt sous les traits de notre avatar vivre de nouvelles expériences immersives tridimensionnelles dans des univers virtuels pour jouer, travailler, acheter ou socialiser ? Face à l’engouement 
général, de nombreuses entreprises souhaitent faire partie de ce nouveau web 3 et réfléchissent à ce qu’elles pourraient en tirer. Par où commencer ? Ont-elles toutes quelque chose à y gagner ? Le bénéfice est-il à la hauteur du battage médiatique ? S’agit-il d’un réel eldorado ou d’un mirage numérique?

 

Contraction des mots “méta” pour vision d’ensemble et “vers” pour “univers”, le « métavers » désigne des espaces numériques qui vont plus loin encore que la réalité virtuelle ou la réalité augmentée.

À l’automne dernier, Facebook qui consacre une large part de son activité à l’élaboration de ces univers alternatifs a mis un coup d’accélérateur au concept de métavers, en annonçant son changement de nom en Meta. Il n’en demeure pas moins que ces évolutions sont encore balbutiantes. Si la prouesse technologique et les perspectives économiques impressionnent, certains émettent des réserves quant à cette possibilité d’étendre notre réalité dans des espaces virtuels partagés…

Retour sur l’origine de ces univers parallèles aussi fascinants que terrifiants.

C’est en 1992 que le terme « métavers » apparaît pour la première fois, sous la plume de Neal Stephenson. Dans son roman Le Samouraï virtuel, il décrit un monde accessible par un casque dans lequel chaque utilisateur dispose de son propre avatar. D’autres ouvrages de science-fiction, et notamment le roman Snow Crash ou Ready Player One d’Ernest Cline ont inspiré le concept de métavers. À partir du début des années 2000, le logiciel Second Life défraye la chronique. Ce logiciel donne accès à un univers virtuel entièrement gratuit et permet à ses utilisateurs d’incarner des personnages dans un monde créé par les utilisateurs eux-mêmes. Ils peuvent concevoir leurs vêtements, les bâtiments, les objets, et acquérir des parcelles de terrain grâce à une monnaie virtuelle – le dollar Linden - auprès de la société qui édite le programme informatique open source. Déjà à l’époque, cet univers virtuel de Linden Lab avait attiré de nombreuses entreprises qui y avaient acheté des terrains et ouvert des boutiques virtuelles, persuadées que la grande masse des internautes finirait par utiliser cet espace pour naviguer sur le web. Mais après un démarrage tonitruant, cette plateforme de création de contenus (allant du jeu aux outils éducatif ou marketing) connaît un déclin. Un peu dans le même esprit, le jeu Fortnite a aussi popularisé l’idée que plusieurs gamers pouvaient se retrouver virtuellement pour vivre une expérience ludique, sans nécessairement se connaître. Fortnite pourrait d’ailleurs devenir une plateforme proposant des expériences dignes du métavers. C’est du moins l’ambition des dirigeants d’Epic Games, le studio de développement du célèbre jeu en ligne.

KESAKO? 

Blockchain - Grand cahier informatique, partagé, infalsifiable et indestructible. Cette technologie de stockage et de transmission d’informations est rapide, transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle.

FOMO - Fear of Missing Out. Les entreprises ressentent une peur panique de passer à côté de quelque chose.

Métavers -  Concept de science fiction envisagé comme le successeur de l’Internet actuel, dans lequel des univers virtuels 3D immersifs, issus des jeux vidéo, rencontrent les réseaux sociaux, les espaces collaboratifs, les places de marché et le e-commerce. Il s’agit d’un réseau d’expériences et d’applications, d’appareils et de produits, d’outils et d’infrastructures interconnectés.

NFT-  Acronyme de Non Fungible Token, ou jeton non fongible. Les NFT permettent de garantir la propriété numérique unique d’un objet physique ou d’un fichier numérique (texte, photo, vidéo, musique...). Comme les cryptomonnaies, ces jetons numériques sont basés sur la blockchain.

Une nouvelle page à écrire

Toutes ces expériences ont « préparé le terrain ». Certaines étaient sans doute trop précoces, mais les esprits commencent à se familiariser avec l’idée un peu folle de ces univers parallèles. Certes, on en est qu’aux prémisses du phénomène, auquel seule une poignée de geeks a accès. Et pour cause, les usages n’existent pas encore ! C’est précisément ce qui fait l’intérêt de la chose, car tout est encore à écrire. Le paradoxe, c’est qu’alors que peu de gens parviennent à définir ce qu’est le métavers, l’engouement est réel. De nombreuses marques déboursent des millions pour s’y réserver une place de choix. Pour le moment, c’est le domaine du divertissement qui fait le plus parler de lui, mais demain, il sera possible de quasiment tout faire dans le métavers : des voyages en ligne, des visites de musées, des parties de jeux avec ses amis, l’accès à des coachs sportifs virtuels… Pour y accéder, des appareils électroniques sont nécessaires, comme les casques de réalité virtuelle.

L’Oculus Quest développé par Meta est celui qui tire le mieux son épingle du jeu. Pour l’heure du moins. C’est en effet le plus vendu avec une part de marché de 78%. Son coût ? Aux environs des 500 euros. Il ne suffit pas juste d’un casque pour profiter pleinement de ces univers. Celles et ceux qui veulent s’offrir des immeubles, des vêtements, des accessoires, des loisirs… doivent avoir recours, en guise de monnaie, aux NFT. Comprenez une signature cryptographique unique associée à un objet numérique ou physique, encodée et stockée dans une blockchain, et par la même infalsifiable. Une sorte d’équivalent d’un acte de propriété immobilière, d’un certificat d’authenticité en encore d’un poinçon de Genève. Il n’en demeure pas moins que ce « certificat numérique » alimente quelques appréhensions, même s’ils se vendent par millions et chamboulent le monde de la finance virtuelle et des collectionneurs. En effet, cette classe d’actif est considérée comme très risquée car non contrôlée et non réglementée. »

Laval Virtual est depuis 1999 un salon sur l’innovation et les nouvelles technologies et orienté sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Organisé par l’association Laval Virtual, il se tient chaque année en France, à Laval en Mayenne entre mars et avril.

Un marché gigantesque

Selon une récente étude réalisée par Grand View Research le marché mondial du métavers pourrait représenter 678 milliards d’euros d’ici à 2030. Il faut dire que le potentiel de monétisation est majeur, surtout en ce qui concerne le divertissement. Là où dans la vie réelle, une jauge de salle de concert est limitée, dans ce monde parallèle, le remplissage est infini puisque le monde entier peut y avoir accès. Idem pour ce qui concerne des bouts du World Wide Web sous forme de NFTs. Autre secteur porteur, celui de la mode. Ne faut il pas vêtir nos avatars comme il se doit ? Nike a d’ailleurs racheté la start-up RTFKT qui conçoit des articles de prêt-à-porter virtuels dont des chaussures de sport sous la forme de NFT.

De Gucci à H&M, tous les acteurs de la mode cherchent à cibler en priorité la sacro sainte génération Z. Ainsi, quel que soit leur positionnement ultra luxe ou accessibles au plus grand nombre les marques entendent bien faire du métavers leur nouvel arme de séduction massive. Pop-up stores, campagnes publicitaires, lancements de produits… toutes ces opérations ont désormais presque toutes un pendant virtuel. Et même si la première Fashion Week dans le métavers n’a pas eu le succès escompté, les collections virtuelles se poursuivent tout comme les projets d’ouverture de magasins 3.0. Pour accompagner les entreprises qui se lancent dans ces projets totalement nouveaux, plusieurs startup voient le jour. METAV.RS a été crée il y a 9 mois, sur le constat que les marques vont avoir pour enjeu de rentrer dans ces univers virtuel à l’échelle. « Aujourd’hui elles gèrent leur présence de manière artisanale, demain, elles auront besoin d’un outil pour mieux la piloter Nous avons donc créer une solution de «métavers management». Beaucoup d’entreprises nous consultent pour déployer des NFT ; cela doit avant tout répondre à des objectifs business, le lancement d’une collection n’est pas une fin en soi. Les objectifs peuvent être divers notamment de toucher de nouvelles communautés et de les engager.

“ Selon une récente étude réalisée par Grand View Research, le marché mondial du métavers pourrait représenter 678 milliards d’euros d’ici à 2030. ”

Les perspectives financières sont vertigineuses. McKinsey a publié le 15 juin 2022, un rapport sur la « Création de valeur dans le métavers » et estime de son côté que les métavers peuvent générer un marché allant jusqu’à 5 000 milliards de dollars d’ici à 2030. Pour la banque d’investissement Goldman Sachs, le développement de l’interaction virtuelle pourrait représenter une opportunité d’investissement de 8 000 milliards de dollars.

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