JOP 2024

Alea jacta est : Les derniers JO à Paris ? [2/2]

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Des innovations technologiques dans la restauration.
Autre aspect phare de l’événement : la restauration ! « Nous allons gérer cet événement de manière mutualisée, avec plusieurs acteurs sous la bannière de Street Food En Mouvement. Les bénéfices seront également répartis entre tous les food trucks. C’est tout le sens de l’association », explique Olivier Lignon, président de Street Food En Mouvement, une association fondée en 2012 par Thierry Marx pour fédérer les acteurs de la restauration urbaine mobile. Sous l’égide de la fédération, 71 co-traitants se sont associés en « groupement de food truck » pour répondre à l’appel d’offres et ont remporté un marché de restauration sur les sites de compétition. « Nous avions déjà tous travaillé ensemble autour d’un événement solidaire lorsque nous avions produit pas loin de 24 000 repas à destination du personnel de l’AP-HP lors de la première vague de la crise du COVID en avril/mai 2021 », détaille Olivier Lignon. RSE oblige, ses défis pour l’avenir consistent à développer l’utilisation des emballages consignés et à centraliser la production alimentaire sur 3 ou 4 pôles.

Approvisionnement durable en amont, lutte contre le gaspillage en aval, respect des enjeux RSE… telle est également la priorité de Sodexo Live !, la marque qui regroupe l’expertise du groupe dans le sport, l’événementiel et les loisirs. « Pour les athlètes, l’expérience des Jeux, c’est aussi ce qui se trouve dans leur assiette. Si bien manger est essentiel pour être performant, c’est également synonyme de plaisir à se retrouver et à échanger autour d’un repas. Nous partageons avec le Groupe Sodexo, très engagé sur les problématiques RSE, la même volonté de proposer des Jeux plus responsables sur le plan environnemental et social. Et cela commence par le choix des produits ou le recrutement du personnel », souligne Tony Estanguet, président de Paris 2024. Animer le plus grand restaurant du monde au village des athlètes, cela représente 3 500 places assises, près de 1 000 collaborateurs mobilisés quotidiennement et jusqu’à 40 000 prestations servies par jour. À noter, un tiers des plats chauds proposés au village des athlètes seront entièrement végétaux, ainsi que 60 % de l’offre snacking grand public sur les sites de compétition olympique et paralympique où Sodexo Live ! sera présent. « Au total, Sodexo Live! va mobiliser près de 6 000 personnes dans le cadre des Jeux. Nous nous sommes engagés à recruter 15 % de collaborateurs éloignés de l’emploi ou venant de zones prioritaires. C’est un immense défi de mobilisation interne, de recrutement et de formation », observe Boris Pincot, DRH Monde de Sodexo Live ! Réduire l’utilisation du plastique à usage unique implique que les athlètes mangeront dans de la vaisselle ré-employable.

Une première ! Au menu également : une politique d’achats responsables et de proximité avec 100 % de produits de saison, un objectif de 80 % de produits d’origine France et de 25 % produits à moins de 250 km. Sans oublier la lutte contre le gaspillage alimentaire (avec le recours aux fameux fruits et légumes moches pour les compotes par exemple), ou encore la valorisation des denrées non consommées (dons aux banques alimentaires et associations, reconversion en biodéchets...). « Animer le plus grand restaurant du monde est un véritable challenge qui se prépare comme un marathon mais c’est aussi une expérience unique dans la vie d’un chef », observe de son côté Charles Guilloy, chef Exécutif Sodexo Live! pour le village des athlètes de Paris 2024.

“ Laisser un héritage durable est un engagement fondamental du mouvement olympique ”

Un héritage réel bien qu’intangible.
Laisser un héritage durable est un engagement fondamental du mouvement olympique. Une responsabilité, mais aussi une chance. Les villes hôtes attirent l’attention du monde entier, et les répercussions des événements sportifs peuvent être des catalyseurs de changement. Bien au-delà des souvenirs liés aux médailles décernées, on constate des transformations en termes d’éducation ou de promotion de modes de vie sains. Outre les sites nouveaux ou rénovés, l’intérêt suscité confère une occasion unique de développer la pratique sportive dans tout le pays. En suscitant l’intérêt pour le sport et en mobilisant les écoles et les clubs de sports locaux, c’est l’occasion de lancer des programmes de formation pour les entraîneurs et de contribuer à l’essor de nouvelles générations de champions. Des statistiques portant sur les Jeux olympiques de 1992 à Barcelone montrent que la proportion de la population faisant un peu d’exercice physique ou pratiquant une activité sportive au moins une fois par semaine est passée de 36 % en 1983 à 51 % en 1995. Puisqu’il est intangible, cet héritage est difficile à quantifier, mais n’en est pas moins important. Par exemple, un regain de fierté nationale, des compétences renforcées en termes de main d’œuvre, la redécouverte de la culture nationale, la prise de conscience environnementale… Sont autant d’atouts significatifs. Citons l’exemple des Jeux olympiques d’hiver de 1994 à Lillehammer qui ont aussi laissé un héritage à long terme à la ville.

Les arènes sportives sont désormais accessibles au public et ont été utilisées à l’occasion de plusieurs grandes manifestations sportives, ainsi que pour des concerts et d’autres rencontres culturelles et commerciales. Innsbruck, qui a accueilli la première édition des Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver en 2012, a également utilisé les sites olympiques des éditions précédentes. Quant à l’arène de Wembley à Londres, qui avait été utilisée pendant les Jeux olympiques de 1948, elle a été un site clé pour les Jeux de 2012, au cours desquels elle a accueilli les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique.

L’accueil des Jeux est aussi une belle opportunité de mettre en place des systèmes de transport publics respectueux de l’environnement et d’augmenter l’utilisation des sources d’énergie renouvelables. À Beijing, en 2008, les autorités ont investi 22 milliards de dollars rien que pour améliorer la qualité de l’air, avec 60 000 chaudières à charbon rénovées pour réduire les émissions et plus de 4 000 bus publics transformés pour fonctionner au gaz naturel, c’est à dire plus que dans n’importe quelle autre ville du monde. La durabilité est également prise en compte lors de la conception et de la construction des nouveaux sites.

À Sydney, les sites olympiques ont été conçus avec un fort accent mis sur l’énergie, la conservation de l’eau, le contrôle de la pollution et la gestion des déchets. Et ils ont été construits avec des matériaux durables. Enfin, sur le plan économique, l’un des impacts les plus significatifs se joue sur le plan économique. À Sydney, les Jeux olympiques de 2000 ont permis une hausse du PNB de l’ordre de près de 7 milliards de dollars créant plus de 100 000 emplois. S’agissant des Jeux de 2012 à Londres, des milliers d’entreprises à travers tout le Royaume-Uni ont contribué à la construction du Parc olympique de la ville, avec près de 240 entreprises associées à la construction du seul stade olympique. Et lors de la clôture de ces Jeux, 14 milliards de nouveaux débouchés commerciaux avaient été annoncés.
À Paris, comme ce fut le cas ailleurs, les bâtiments seront transformés en bureaux ou commerces. Les Jeux sont aussi une vitrine pour une ville et peuvent ainsi permettre une hausse significative dans le secteur du tourisme, avec une augmentation du nombre de visiteurs suite à l’accueil des Jeux. À Turin, après les Jeux olympiques d’hiver de 2006, la ville a connu une augmentation considérable du nombre de touristes avec près de 150 000 visiteurs de plus dans l’année qui a suivi.

“ Un événement planétaire et un rendez-vous avec l'Histoire ”

Mais le fait de laisser un héritage positif ne coule pas de source. Cela suppose d’être planifié et intégré dans la vision de la ville hôte le plus tôt possible, grâce à de solides partenariats entre politiques et organisateurs des Jeux. Experte en matière de conseil en stratégie et financement de l’innovation, Dominique Carlach confirme qu’il s’agit d’une compétition d’hyperformance. « Cela implique une recherche d’amélioration par rapport à l’état de l’art. La quête de compétitivité invite à innover, ne serait-ce que parce que tout pays organisateur a envie de montrer le meilleur de lui-même et d’être une vitrine », explique-t-elle. À ses yeux, les Jeux olympiques sont un rendez-vous avec l’Histoire. Elle se félicite de tout ce qui a été initié pour verdir les infrastructures, mais aussi des initiatives menées sur un plan social. « La charte sociale avait vocation à être inclusive sur le plan des populations éloignées de l’emploi. Elle a été signée avec les 8 organisations patronales et syndicales, avec plusieurs objectifs, parmi lesquels le fait de baisser l’accidentologie sur les chantiers et d’avoir un dialogue social de qualité », explique l’ancienne athlète, qui se félicite de ce travail collaboratif. Elle rappelle qu’il n’y a pas un seul endroit de la planète où on ne verra pas Paris l’été prochain, si bien que l’impact, c’est avant tout celui du rayonnement planétaire donné à la capitale de la France.