Vie du MEDEF

Revivez #LaREF22 - "L'avenir des démocraties - Au nom des peuples !"

Avec Catherine Colonna, David Djaïz, Francis Fukuyama, Thomas Gomart, Natacha Polony et animé par Rémi Godeau.

Verbatim

Francis Fukuyama : "Poutine a déjà perdu. Il pensait renverser le régime démocratique de Kiev en 3, 4 jours, il a échoué."

"Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà quitté la Russie pour éviter de se battre."

"Poutine pense que l'Ukraine n'a pas de légitimité et est une partie de la Russie."

"Ce qu'on a constaté depuis 8 ans est que l'Ukraine est une société indépendante et légitime."

"La montée en puissance de la Chine est un vrai défi pour les démocraties, mais leur attitude lors de la crise du Covid a révélé les faiblesses des régimes autoritaires."

"La Chine sera un défi pour l'Occident, mais sur le long terme on verra que son modèle, comme le modèle russe, n'est pas un bon modèle."

"Les élites dans les sociétés démocratiques se reposent un peu sur leurs lauriers en ne répondant pas aux grands défis."

Catherine Colonna : "Les démocraties sont confrontées à la brutalisation des rapports internationaux, mais au-delà de cela, on voit un recul des espaces de libertés démocratiques, plus gravement ce qui nous menace est un véritable basculement. Aujourd'hui, certains Etats sont passé à l'offensive et soutiennent le recul des démocraties. Songez au Mali, mais aussi aux cyberattaques."

"Ces discours hostiles visent à légitimer des modèles alternatifs, en prétendant que le modèle démocratique n'est pas efficace, or ce sont les modèles démocratique, et non les modèles autoritaires, qui sont les plus efficaces... il suffit de comparée les deux Corées."

"Il faut arrêter ce discours, car il est extrêmement dangereux."

David Djaïz : "Le miracle de la démocratie libérale, c'est la coexistence de la liberté et de l'état de droit."

"La crise démocratique a commencé dès les années 80."

Natacha Polony : "Il faut se souvenir des leçons de Thucydide sur la démocratie."

"La démocratie, c'est le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple, c'est la définition de base, mais on a contourné tout cela."

"La démocratie, c'est un pacte politique, qui s'appuie sur l'émergence et la consolidation des classes moyennes."

"La nation est le cadre de l'expression de la démocratie, pour l'instant en tout cas."

Thomas Gomart : "Ce que nous avons connu comme évolution démocratique en Europe, c'est la chute du mur de Berlin, mais un an avant, il y avait eu Tian'anmen et il faut se demander si ce n'est pas l'esprit de Pékin qui est en train de souffler."

"En Europe, on a deux cas de figures différents, celui de la Hongrie qui fait le choix de Moscou et celui de la Pologne qui trouve qu'il n(y a pas assez de démocratie en Europe."

Catherine Colonna : "La démocratie ne peut être segmentée, c'est un système holistique."

"Les valeurs de l'Europe sont démocratiques, il faut renforcer la construction européenne."

"L'Europe avant l'Europe, c'était une guerre à chaque génération et des millions de morts, donc l'Europe a vraiment renforcé la démocratie."

"Nous avons un devoir d'efficacité et de mieux prendre en compte les aspirations de nos concitoyens."

"Nous devons promouvoir un ordre international fondé sur des règles, car nous avons tous ensemble des intérêts communs sur cette planète "

"Il n'y a pas de démocratie sans conscience."

Thomas Gomart : "La conviction du Kremlin, c'est que la construction européenne n'est pas viable."

"La question que nous devons nous poser, c'est quelle aurait été l'attitude des Européens si les USA n'avaient pas massivement soutenu l'Ukraine ?"

Natacha Polony : "Nous constatons une incapacité à nous défendre, la désindustrialisation nous prive de la possibilité d'exercer notre souveraineté nationale."

"La véritable indépendance qui nous protégera des empires belliqueux passe par le fait de s'armer en défendant son industrie et notamment son industrie de défense."

"Nous devons être unis face à l'agression de Vladimir Poutine,, mais unis en défendant des valeurs qui assurent l'indépendance de l'Europe."

David Djaïz : "Tout le modèle qui sous-tendait l'Europe technocratique s'est effondré."

"L'Europe sans les nations, cela n'existe pas."

Natacha Polony : "La méritocratie est détruite en France, or c'est la promesse démocratique."

"L'état de l'école est une catastrophe absolue, le niveau des élèves français s'effondre, il est temps de redonner une culture classique et mathématique aux petits Français."

David Djaïz : "Les 40 ans de mondialisation absolue ont eu des conséquences dramatiques."

"La clé, c'est la bataille de la production. Nous avons une opportunité en or de reconstruire une filière industrielle, il y a des dizaines de filières d'excellence en France, nous avons tous les atouts en main."

Catherine Colonna : "Il faut nous aiguillonner, mais sans verser dans le pessimisme. Nous n'avons pas la capacité de croire suffisamment en nous-mêmes."

Pour aller plus loin

« La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres », disait Winston Churchill. Mais aujourd’hui, où en est la démocratie, après deux années de pandémie qui sont venues brider nos libertés, après les soubresauts qu’a connus l’Amérique avec l’assaut du Capitole, après la montée des populismes et des extrêmes partout en Europe, après surtout la guerre qui s’invite à nos portes ? Partout des états d’exception s’inscrivent dans le droit, alors même que dans l’euphorie de la fin de la Guerre froide, certains allaient jusqu’à prédire la « fin de l’histoire » et la diffusion de la démocratie partout dans le monde. Péché d’optimisme ! Il suffit de regarder autour de soi. De la Chine de Xi Jinping, en passant par la Corée du Nord, la Turquie d’Erdogan, l’Iran et bien sûr la Russie de Vladimir Poutine, nombreux sont les Etats pour qui démocratie ne fait pas partie du vocabulaire. Même l’Europe n’échappe pas à la menace quand, en Pologne ou en Hongrie, les dirigeants n’hésitent pas à mettre à mal l’indépendance de la justice ou de la presse.

Face à la menace, avant même l’offensive russe sur l’Ukraine, 500 personnalités de tous les pays, parmi lesquelles la Nobel de littérature biélorusse Svetlana Alexievitch, l’écrivain français Bernard-Henri Lévy, l’acteur américain Richard Gere, l’ex-président polonais Lech Walesa ou encore l’ancienne cheffe de la diplomatie américaine Madeleine Albright, avaient signé une lettre en forme de mise en garde : « La démocratie est en danger ».

Dans sa fameuse Adresse de Gettysburg en 1863, Abraham Lincoln définissait la démocratie comme le « pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique : « le fossé se creuse entre les préoccupations réelles, quotidiennes, d’une majeure partie du corps social, et les sujets qui agitent les plateaux télévisés et les débats politiques ». La démocratie libérale et représentative telle que nous la connaissons semble donc à bout de souffle, en France comme ailleurs. Comment lui redonner vigueur ? Pour certains analystes, il faudrait une nouvelle révolution, non pas violente comme le fut 1789, mais via un changement profond des règles du jeu politique et social, couplé avec une modification de nos modèles de production et de développement. La menace que fait peser sur le monde le réchauffement climatique va-t-elle permettre cela et éveiller les consciences ? Les solutions en tout cas ne pourront être que planétaires. 

La démocratie « en tant que régime qui refuse tout excès et tout extrémisme » ne pourra prospérer que dans un climat de tolérance et de conciliation. La crise actuelle montre l’urgence de trouver de nouvelles formes de médiations entre les citoyens et les élus. Plus que jamais, Il semble important de ne pas céder à la peur. Il nous faut discuter sans tarder de la manière dont les institutions et les processus démocratiques peuvent être revigorés, en s'attaquant au décalage entre la demande populaire et les performances réelles des pouvoirs en place. Si la guerre en Ukraine met à mal la croyance en une fin de l’Histoire, qui serait une progression continue vers le progrès, nous devons croire comme Jacques Julliard que « la force de la démocratie réside dans sa capacité à sans cesse triompher et renaître des crises qu’elle traverse ». 

Qu'est-ce que la démocratie ? Dans quelle mesure la majorité de la population mondiale peut-elle en bénéficier ? Comment expliquer le désenchantement actuel vis-à-vis de la démocratie et comment y remédier ? Que peuvent et que doivent faire l’Europe et les grandes nations occidentales pour redonner vigueur aux valeurs démocratiques et leur assurer un avenir pérenne ? Comment les institutions et processus démocratiques peuvent ils s'adapter aux changements du monde actuel ?