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Dossier - Industries culturelles : quand la culture va, tout va (3/3)

La France bénéficie d'une expertise plébiscitée partout dans le monde.

DOMINIQUE FARRUGIA 

« Notre pays est ultra créatif, et sait tirer parti de la globalisation. »

Dominique Farrugia travaille pour un groupe français, Banijay, qui appartient à un Français, Stéphane Courbit, qui exporte ses contenus sur les cinq continents et qui est aujourd'hui le numéro un mondial de la production audiovisuelle !

Il rappelle que la France est l'un des rares pays du monde avec les États-Unis et l'Inde, à avoir vraiment conservé un cinéma, avec environ 200 films produits par an et qui voyagent de mieux en mieux. Notre pays est ultra créatif, et sait tirer parti de la globalisation. D'abord, nous avons des écoles formidables dont nous pouvons être fiers. Les dessinateurs des Gobelins travaillent pour les plus grosses productions mondiales, comme "Moi, moche et méchant”. Les auteurs issus de la Fémis ont tous du travail en sortant. Ensuite, nos techniciens sont très recherchés, et comme le marché a retrouvé voire dépassé son niveau de 2019, avant la pandémie, ils ont tous du travail au point que nous avons du mal à en trouver de bons ! Enfin, des œuvres françaises font des cartons mondiaux comme "Medellin", de Franck Gastambide, sur Prime Video, la plateforme d'Amazon, ou “Lupin”, créé par George Kay et François Uzan avec Omar Sy, qui a connu un énorme succès sur Netflix. Chez Banijay, nous avons produit “Versailles”, ou encore "Marie-Antoinette", qui a généré des audiences record sur Canal Plus et que nous avons vendu dans 40 pays, se félicite-t-il. Toutes ces créations font du bien à la France ! »

Réconcilier économie et culture grâce à la French touch

« Les industries culturelles en France ont un impact considérable, dont le public ne perçoit pas toujours la valeur », ajoute l’ancien humoriste des Nuls. Reste en effet à valoriser ce secteur, et à générer des synergies entre les acteurs. « La France compte de belles entreprises dans les secteurs porteurs de la mode, du cinéma, des jeux vidéo mais elles opèrent largement en silos », détaille Nicolas Parpex, qui dirige le pôle d'investissement des industries culturelles et créatives au sein de la Banque publique d’investissement (Bpi France). Pourtant, les rapprochements peuvent être intéressants, comme en atteste celui entre le musée Picasso et le créateur Paul Smith, afin de redécorer les espaces, Le but est donc de favoriser des liens transversaux autour d’une dynamique collective. Et de poursuivre : « Au regard de la position macro-économique  majeure des 1CC, il était légitime que nous mettions en place une action dédiée. Notre engagement repose sur une logique économique, mais aussi sur des enjeux de rayonnement et de compétitivité ». D'où le lancement d'un plan baptisé « French touch », qui entend faciliter un récit commun de la création française. Directrice générale de Beaux-Arts & Cie (éditeur de Beaux Arts Magazine et du Quotidien de l'Art), Solenne Blanc est ambassadrice de ce mouvement : « associer les différents secteurs créatifs pour créer une dynamique collective, et accroître ainsi le rayonnement de ces ICC, tels sont nos objectifs. Il s'agit de valoriser ces industries à la fois dans leur puissance économique et leur rôle créatif et donc de relier les notions de culture et d'économie qu'on a parfois tendance à opposer », explique-t-elle. Cette année, Bpi France et Business France ont organisé une mission pour embarquer une centaine d’entre eux à Austin au Texas pour assister au légendaire festival de musique, de cinéma et de médias interactifs South by Southwest. « Pour être valorisés à l’export, les savoir-faire doivent être plus visibles. Ainsi, nous avons participé à des programmes tels que ICC Immersion organisé par l'Institut Français notamment en Corée du Sud. Cela a donné lieu à la signature d'un contrat qui nous a amené à concevoir une exposition dans le cadre de l’ouverture d’un musée à Séoul, Et nous menons des projets d'ingénierie culturelle en Asie et an Moyen-Orient qui valorisent les expertises de beaux-arts (conseil, masterclass, résidences d'artistes, médiation) et de nos partenaires », poursuit Solenne Blanc. Bien évidemment, en contrepartie de ce soutien, Bpi France attend un retour sur investissement. Car la culture est un « atout charme » largement vecteur de business. Elle ne cesse de se réinventer, d'autant qu’elles doivent s'adapter aux évolutions technologiques et aux usages. Avec l’intelligence artificielle, les séries télé, sculptures, musiques et musées de demain auront bien changé, leurs modèles économiques aussi.

3 Questions à Frédéric Jousset
Fondateur et Président du Fonds ArtNova dédié aux ICC

Pourquoi ce fonds et comment fonctionne t-il ?
J'ai souhaité doter de 100 millions d'euros un fonds entièrement dédié aux industries culturelles et créatives, convaincu du potentiel économique mais aussi de l'impact sociétal de ce secteur. Cet engagement fait écho à ma volonté d'ouvrir la culture au plus grand nombre, marqué par la création de la fondation Art Explora. ArtNova porte les opérations de croissance externe du groupe Beaux Arts & Cie ainsi qu'une stratégie d'investissement autour de deux pôles : ArtNova Capital qui accompagne les porteurs de projets entrepreneuriaux, de dimension internationale, dans les secteurs de la French Touch: et ArtNova Patrimoine qui finance des projets de réhabilitation et d'exploitation de lieux culturels (le Hangar Y à Meudon) ou d'hôtels en lien avec le patrimoine culturel (le Relais de Chambord).

Quelle est la spécificité d'un fond dédié aux ICC ?

ArtNova est un fonds evergreen qui s'inscrit dans le temps long afin d'appréhender les évolutions d'un secteur qui se réinvente en permanence, par la transformation des métiers, des usages et des technologies. Notre équipe réunit un large champ d'expertises afin de décrypter les différentes facettes de ce secteur dont le principal actif, la création, est immatériel.

Pourquoi investir dans la réhabilitation de lieux ?

Dans un monde où le virtuel gagne du terrain, nous croyons à la force d'attraction de lieux physiques vecteurs d'expériences culturelles et d'émotions artistiques partagées. Le Hangar Y, hangar à dirigeables historique créé en 1878, est l'exemple emblématique d'un lieu patrimonial fermé au public depuis des décennies que notre fonds a permis de rénover et de transformeren lieu d'art et de culture, Dans un modèle économique rentable, sans subventions, et qui contribue aux revenus de l'État dans le cadre d'un bail emphytéotique.

 

 

 

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